dimanche 11 juin 2017

Robert de Laron, la magie noire et le Diable.-1/2-

Il y a, dit-on, loin en Espagne, une école qui s'appellerait l'Ecole Noire. On y apprend la science de la matière, la magie et autres sciences antiques. Cette école se trouve dans une caverne au bout d'un souterrain très profond. Il n'y a, bien sûr, aucune fenêtre, aussi y fait-il toujours noir, du moins comme dans un four.... Il n'y a pas de professeurs, on apprend tout dans des livres écrits en lettres de feu que l'on peut lire dans l'obscurité. Ceux qui apprennent là ne peuvent sortir en plein air ou voir la lumière du jour tant qu'ils y restent, et il leur faut patienter dans cette écoles trois, cinq ou sept ans pour terminer leurs études.

Chaque jour, une main grise et velue entre par le mur et tend à manger aux étudiants. Celui qui tient cette école a stipulé que le dernier à quitter l'école, chaque année, lui appartient. Et comme ils savent tous que c'est le Diable qui tient l'école, chacun tente tout pour éviter d'en sortir le dernier.

Il est arrivé que le Diable voit sa proie lui échapper...
Une fois, il y eut trois Islandais à l'Ecole Noire: Saemundur le savant, Kalfur Arnason et Halfdan Eldjarnsoon ou Einarson qui, par la suite, fût prêtre à Fell dans le Slettuhlid. Ils devaient quitter l'école tous ensemble et Saemundur s'offrit à sortir le dernier. Les deux autres s'en réjouirent. Saemundur s'enveloppa dans un grand manteau, sans enfiler les manches et sans boutonner un bouton. Il y avait un escalier pour remonter de la maison d'école. Lorsque donc Saemundur arriva à l'escalier, le diable empoigna son manteau en disant: "Toi, tu m'appartiens." Alors, Saemundur se débarrassa de son manteau et sortit en courant. Il ne resta que le manteau entre les mains du diable. Mais la porte de fer grinça sur ses gonds et claqua si fort sur les talons de Saemundur qu'il fut blessé aux os des talons. Alors, il dit: "La porte a claqué tout près des talons" - et c'est devenu depuis un proverbe.
Voilà comment Saemundur parvint à quitter l'Ecole Noire avec ses camarades. D'autres disent que lorsque Saemundur le savant monta l'escalier et passa les portes de l'Ecole Noire, le soleil brilla sur lui et porta son ombre sur le mur. Quand, donc, le diable voulut s'emparer de Saemundur, celui-ci dit: "Je ne suis pas le dernier. Tu ne vois pas celui qui me suit?" Le diable saisit alors l'ombre qu'il prit pour un homme et Saemundur s'échappa et la porte claqua sur ses talons. Mais à partir de ce moment là, Saemundur n'eut plus jamais d'ombre parce que le diable ne la lui rendit jamais.

A l'issue de leurs études, ces ''savants'' peuvent se permettre d'assister à des événements lointains, et donc de se déplacer à la vitesse de l'éclair. Ils peuvent invoquer des démons.
Saemundur possédait des pouvoirs très étendus. Le bruit courait qu'il était servi par un démon familier qui le transportait par delà les mers à sa demande, et qui s'occupait du bon ordre de sa maison et de ses propriétés. Et, le Diable attendait tranquillement son heure, car on racontait aussi que des légions de démons se pressaient autour du 1it de mort de Saemundur, guettant l'instant où
son âme quitterait son corps.
Il semble que tous les adeptes de cette école de magie disposaient et disposent des mêmes pouvoirs. 

Le savant écossais Michael Scot (1175-1232), par exemple, contemporain de Bacon, avait sous son autorité, à son retour d'Espagne, une nuée de serviteurs infernaux, et il possédait un ouvrage intitulé Le Livre du pouvoir, qui contenait les formules permettant de les évoquer ou de les renvoyer. On prétendait qu'il chevauchait un démon ayant pris la forme d'un cheval, qu'il faisait surgir du néant de somptueux festins, et qu'il avait contraint ces fils de l'Enfer à bâtir des ponts et à déplacer des montagnes.
Aussi inspirait-t-il une vive crainte aux gens du commun. Quand il mourut, il fut enterré solennellement, et Le Livre du pouvoir fut accroché au mur de l'église près de son tombeau. Pendant des siècles, personne n'osa l'ouvrir ni même le toucher, par crainte de libérer les créatures que ses formules magiques permettaient d'évoquer.

Scot passait pour avoir partie liée avec l'ennemi par excellence de l'univers, mettant ainsi en péril aussi bien sa personne que son entourage, et que l'ordre même de la nature. Ce n'était pas chose aisée que de toucher au domaine interdit et de rester indemne. Un magicien devait faire preuve d'un grand courage et d'une grande habileté pour commander aux puissances des ténèbres sans devenir leur victime.

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