vendredi 10 février 2017

La mort et le cimetière au Moyen-âge.

A partir du XIIe siècle, l'Eglise amène à elle le cimetière... Elle tient à s'opposer à la tradition antique de séparer le monde des morts de celui des vivants. Ce que l'on appelle le '' suffrage pour les défunts '' est largement exploité alors... Au Moyen Âge, le purgatoire est symboliquement illustré comme étant un lieu de feu purificateur... Le culte des saints est lié à cette pratique des suffrages en faveur des morts. ... Les donations se font nombreuses, pour s’assurer un passage au purgatoire... Il faut donner pour le salut de son âme …
Le clergé et la noblesse, sont inhumés à l'intérieur de l'Eglise, et la population tient à l'être au plus près … On connaît la volonté d’être inhumé au plus près des murs de l’église, sous le larmier du toit, afin que l’eau de pluie sanctifiée par le contact avec le lieu sanctifie à son tour la tombe. 
Le christianisme ne semble préoccuper que par l'âme du défunt, les rites plus anciens ou coutumiers s'occupent des corps, pour les aider à passer et les empêcher de revenir tourmenter les vivants … Seuls le corps des saints fait l'objet de vénération et de célébration ; de plus ils peuvent intercéder pour les morts. Les moines deviennent de véritables spécialistes, et intermédiaires obligés, pour le salut. Cluny ( vers 1030) , invente une fête annuelle de tous les défunts, le 2 novembre.
« Les morts étaient au centre de la vie, comme le cimetière au centre du village. » Jean-Claude Schmitt
Les croyances païennes restent prégnantes, le roi des morts '' Hellequin '' règne sur une horde de chevaliers damnés et guette au détour des chemins, le passant... Les récits de revenants se développent ; ce sont en général des fantômes de personnes qui ont succombé violemment..


Au cimetière de La Jonchère ( voir l'histoire de la Loba)
Les morts sont enveloppés dans un linceul, la mise en terre dans un simple drap (linceul) blanc et cousu. La mise en terre se fait ainsi sans cercueil durant plusieurs siècles. Les défunts reposent dans des fosses en pleine terre, au niveau de la tête, sur la tombe marquée y est fichée une simple croix de bois. Les ossements, exhumés à l'occasion de nouvelles inhumations (le cimetière ne pouvant s’étendre plus à cause des habitations, et tous voulant être au plus prés de l’église sanctuaire), sont déposés dans la crypte de l'église (pour les « notables ») ou dans des ossuaires bâtis dans l’enceinte même du cimetière.

Certaines tombes plus riches peuvent comporter des pierres tombales qui servent, semble-t-il, de marque de surface dans le cimetière tout en se distinguant des autres tombes plus simples du peuple. On émet l’hypothèse que la nouvelle eschatologie de l’église, la création de l’enfer et ses revenants est pour beaucoup dans la mise en place de ces lourdes dalles de pierre, pour empêcher le mort de ressortir…
C'est donc, à partir du XIIème siècle qu'apparaît l'habitude de recouvrir les tombes de dalles, lesquelles réservées aux morts respectables, moines en particulier, sont souvent massives, parfois en forme de toit comme on le voit au Chalard. Sur certains de ces "toits" dits en bâtière sont même sculptées des ardoises ou des lauzes. Puis au XVème siècle, certaines de ces tombes pourront comporter une croix et seront pourvues pour les laïcs, d'une inscription voire d'un portrait.
Les classes aisées se font enfouir dans les églises. Très rapidement, à cause des émanations pestilentielles, un nouveau système d’enfouissement est mis en place. Deux solutions sont utilisées :
- Le corps du défunt est mis en terre dans le cimetière, puis ses restes sont recueillis et placés dans l’église sous une dalle funéraire.
- Le corps du défunt est placé dans un pourrissoir (sorte de sarcophage avec un trou d’évacuation), puis ses restes sont enfouis dans l’église sous une dalle funéraire. Il existait même des pourrissoirs collectifs.
Dans l’ancien cimetière de La Jonchère, (d’après les Abbés Lecler et Pailler et les écrits du Sieur De Valeize), il y avait une chapelle octogonale toute en pierres (vers l’actuelle entrée) détruite lors de la révolution.
Les ossements sont mis dans une crypte par un oculus dans le sol, en attente du jugement dernier et de la résurrection des corps. Un escalier permet de descendre pour ranger les ossements.



Au XIIIème siècle se généralise le cercueil en bois et la tradition de placer au cou du mort, ou plutôt à ses mains croisées, un chapelet, et aussi de l'accompagner d'une pièce sensée payer le passage de l'Archéron, ainsi que d'un vase d'eau bénite pour le protéger des mauvais esprit et faciliter son accès auprès du très haut.

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