dimanche 30 octobre 2016

La rencontre du mythe et de l'histoire des hommes... -4/4-

Au cours des Xe et XIe siècles se fait sentir une évolution qui préfigure la grande renaissance du merveilleux au XIIe siècle. La légende d'Alexandre le Grand se répand comme une traînée de poudre. La légende du Prêtre Jean connaît une large diffusion ...

Yvain combat le dragon

Le merveilleux de la Matière de Bretagne, déjà présent chez les écrivains de langue latine (Geoffroy de Monmouth, Giraud de Barri), envahit la littérature vernaculaire, alimentant les œuvres de Marie de France et de Chrétien de Troyes. L'Antiquité et sa mythologie revivent … !

Les VIIIe et IX e siècles marquent la fin d'une période de répression ; les Xe et XI e siècles forment une période transitoire : là se mettent en place des structures, des thèmes et des motifs, là se forme un patrimoine de merveilleux, qui, dès le XIIe siècle imprime fortement sa marque à la littérature de divertissement.
Le cerf blanc était the symbol of England's King Richard II
as shown in this picture of his heraldry painted in 1396

A partir du XIIe s l'Eglise cesse de régir le domaine des lettres, parce que les traditions populaires et orales prennent une place de plus en plus importante, et que l'imaginaire s'affranchit des entraves qui bridaient ses mouvements, s'alliant avec bonheur aux éléments venus de l'Antiquité par le canal de la littérature savante. De nouveaux éléments de merveilleux apparaissent par le travail des école de traduction...

Chaman - cerf


Merlin, changé en cerf au pied blanc, rencontre l'empereur ...  Manuscrit anonyme du cycle Lancelot-Graal, 1286


Saint-Hubert enluminure - La légende du cerf


cerf-ailé-royal - Symbole royal des Valois


Voilà ce que dit Jacques Le Goff, sur cette perception de la ''religion populaire''

« Les grands ennemis ou concurrents du catholicisme n’ont été ni le paganisme officiel antique qui s’est effondré rapidement, ni le christianisme grec cantonné dans l’ancienne partie orientale de l’empire romain, ni l’Islam contenu puis refoulé, ni même les hérésies ou les religions comme le catharisme qui, avant d’être vaincues par le catholicisme, n’avaient en définitive pu se définir que négativement, par rapport à lui. Le véritable ennemi du catholicisme, ce fut bien l’antique serpent qu’il conjura sans l’anéantir, le vieux fond de croyances traditionnelles, ressurgies sur les ruines du paganisme romain qui tantôt s’enfoncèrent sans disparaître dans le sous-sol du psychisme collectif, tantôt survécurent en s’incorporant au christianisme et en le déformant, en le folklorisant » (1972 : Histoire des religions, II, Paris, Gallimard, coll. « Encyclopédie de la Pléiade », pp. 749-868 ).

jeudi 27 octobre 2016

La rencontre du mythe et de l'histoire des hommes... -3/4-

Merlin, serait un ''sorcier'', un mage... Ces personnages, en tant que prêtres des anciennes religions (druides, godi), ou en tant que devins ou sorciers, sont tenus pour des hérétiques, pour des êtres dangereux en raison de leurs pouvoirs diaboliques...

Hugues de Saint- Victor (mort en 1141) par exemple, indique qu'ils tuent ou nuisent, confectionnent des amulettes, utilisent l'eau baptismale, les huiles saintes et le saint-chrême, font des statuettes qu'ils baptisent, font dire une messe des morts pour un vivant, utilisent charmes et incantations. Les pénitentiels nous apprennent qu'ils font des philtres pour susciter l'amour, provoquer l'avortement ou empêcher la fécondation...
Une des principales occupations des sorciers est la confection d'amulettes : Césaire d'Arles proscrit le port de characteres, morceaux de bois, de métal, de pierre, de tissus ou de parchemin couverts de signes; le troisième concile de Tours (813) interdit le port d'os d'animaux morts et d'herbes incantées, s'attaque au port de langues de serpent...
Cernunnos dieu celtique, symbolisé par le cerf ...
Saint Edern sur son cerf volant



Et, finalement …
Une des formes que prend la lutte contre le paganisme est le développement d'un merveilleux chrétien: des déesses sont christianisées , comme sainte Brigitte en Irlande, les sources sont placées sous le patronage d'un saint thaumaturge, etc. Dès le VIe siècle l'hagiographie se développe, comme en témoignent la Vie de saint Martin, de Grégoire de Tours (538-594), puis celle de saint Cudhbert, de Bède le Vénérable (avant 705) ; des saints saurochtones apparaissent, la littérature des visions prend son essor à partir du VIIe siècle. Le commerce des reliques ou d'objets ayant appartenu à des saints vient peu à peu remplacer celui des phylacteria, ligaturœ, ligamina et charactered.
La lutte contre les devins, augures, oracles et autres esprits ne cesse pas de tout le Moyen Age mais change à partir de 771 environ.
Clovis et Clotilde
La légende du baptême de Clovis est déjà, à bien des titres, remarquable : Dieu accorde la victoire au roi qui a promis d'embrasser la vraie foi, conception bien germanique de la réciprocité!
la Saint Charlemagne en France 1892
Jusqu'à l'avènement de Charlemagne, l'Église ne tolère rien qui ne fasse partie du dogme chrétien : ne va-t-elle pas créer une légende pour discréditer le souvenir populaire qu'a laissé Théodoric, cet arien? Le poids de la censure ecclésiastique est perceptible jusqu'au moment où l'Église trouve en Charlemagne le bras séculier qui lui faisait défaut.

Plus qu'aucun de ses prédécesseurs, le nouvel empereur romain a le sentiment profond que la religion requiert la sollicitude du prince et qu'elle engage sa responsabilité. Il va donc faire régner, ou du moins le tenter, la. pax christi, une des raisons pour lesquelles il sera canonisé en 1165. Il combat l'adoptianisme aux côtés du pape, assure l'existence du clergé en donnant à la dîme le caractère d'un impôt, soutient l'Église par le biais de ses lois: en 789, il s'attaque à la sorcellerie , en 775- 790 aux repas cultuels.


Sources : Paganisme, christianisme et merveilleux - Claude Lecouteux
le Roi Arthur et Charlemagne - Castello della Manta

lundi 24 octobre 2016

Sur les pas du Roi Arthur -13/13- Bath

Le lendemain, nous roulons vers Bath, et laissons de côté : Marlborough dans le Wiltshire où selon la légende, serait le tombeau de Merlin ; la ville tirerait son nom de la présence de ce tombeau.
Notre bref voyage se termine; pourtant la mort de Merlin ne fait qu'annoncer un départ, exprimé par la carte du bateleur du Tarot... Il a tous les ''outils'' pour annoncer le début d'une Quête... 

Marlborough se trouve à proximité des célèbres monuments néolithiques de Wiltshire, et '' Mount Merlin'' est une colline artificielle qui est l'un des mystères néolithiques: on ne sait pourquoi et dans quel but elle fut construite....

Enfin, Bath ( proche de Bristol, notre ville de départ), ville à l'architecture georgienne (*) et ville thermale édifiée à l’époque romaine mais surtout fréquentée à partir du XVIIIe s. par l’aristocratie britannique pour des cures aux programmes festifs. Une belle abbaye date du 15ème siècle, et est située juste à côté des thermes romains.






Nous nous engageons dans la longue visite des thermes romains, l’attraction touristique la plus visitée de Bath. On y découvre quelques-uns des bains qui constituaient l’imposant complexe des thermes romains de Bath et leur fonction ainsi qu’un musée retraçant l’histoire d’Aquae Sulis, l’ancienne cité thermale romaine.
On découvre la terrasse, surplombant le Grand Bain, un bassin d’eau chaude aujourd’hui à ciel ouvert. Elle est bordée de statues datant de 1894 et représentant des gouverneurs, des empereurs et des chefs-militaires romains.

Dans les thermes, on visite une impressionnante collection archéologique romaine permettant de retracer la vie quotidienne des habitants de l’époque (loisirs, travail, religion, écritures, vie militaire, transport et voyages, vie après la mort, médecine etc.).
L’utilisation des thermes chez les romains était basée sur un cheminement conduisant à une succession de pièces, alternant chambres chauffées, bains chauds jusqu’à aboutir à un bain froid. Le Grand Bain constitue la pièce maîtresse des thermes romains de Bath. Avec ces 1,6 mètres de profondeur et rempli d’eau chaude, ce bain était idéal pour les baigneurs. Des fontaines et des bancs permettaient aux gens de se rafraîchir et se reposer.





La spécificité de la ville vient dans son unité architecturale, tant dans l’utilisation constante de la pierre de Bath, qui donne cette couleur or-miel aux bâtiments, que dans la ligne directrice d’une architecture néo-classique que l’on retrouve dans tout le centre-ville.
Le Royal Crescent , est un ensemble résidentiel constitué de 30 maisons mitoyennes disposées en croissant, qui est devenu l’emblème de Bath.

Nous passons, et entrons dans Le Jane Austen Centre (Centre Jane Austen) situé au 40 Gay Street à Bath.  Jane Austen (1775-1817) est née au coeur de l'Angleterre rurale, dans le Hampshire, et y a quasiment toujours vécu, elle a fait de premiers séjours temporaires dans la ville d'eau, avant d'y habiter à plein temps, de 1801 à 1805, avec ses parents et sa soeur Cassandra. Elle a fait de Bath tout ou partie du cadre de deux des six romans qu'elle a laissés : Northanger Abbey et Persuasion.
** Sommes-nous loin du Roi Arthur... ? Non, ici, nous n'en sommes jamais bien loin...


«Prince Valiant» de Hal Foster - la charge de la cavalerie montrant Arthur à Badon Hill.


En effet, la bataille de Mons Badonicus (Badon Hill), la "dernière bataille" du roi Arthur, aurait eu lieu à Little Solsbury Hill, qui surplombe le village de Batheaston, non loin de la ville de Bath, elle s'élève à191 mètres de haut. Entre le 3e et le 1er siècle av. J.-C., le sommet de la colline fut occupé par un fort de l'âge de la pierre. Elle a été suggérée comme emplacement possible de la bataille du Mont Badon, qui opposa Anglo-Saxons et Bretons à la fin du Ve siècle ap. J.-C.


Dans l'Historia Brittonum (IXe siècle ), le roi Arthur fait son apparition, et la bataille du Mont Badon est présentée comme l'une des douze qu'il a livrées aux Saxons. Ensuite, la bataille figure dans les Annales Cambriae à l'année 516, en faisant une victoire attribuée au roi Arthur.


Dans l'abbaye de Bath, le Roi Arthur côtoie Saint-Georges...




Le soir, nous rejoignons Redhill, près de l'Air-Port de Bristol. Nous rendons la voiture louée, qui m'a causé quelques tensions ( de conduite à gauche ...)...

Ce voyage d'une semaine s'achève, avec l'impression de ne pas avoir pris assez de temps... Pourtant, je reviens avec des images, des sensations qui m'appellent à aller au-delà …
La Quête continue ...




(*) Georgienne ( et non géorgienne ( de Géorgie)) : Style anglais correspondant à la période de quatre premiers monarques anglais de la Maison de Hanovre (George Ier, George II, George III et George IV)...

vendredi 21 octobre 2016

Sur les pas du Roi Arthur -12/.- Winchester

Notre prochaine étape concerne :Winchester, sa Cathédrale, et surtout le ''Castle Great Hall'' qui est le grand hall de ce qui reste du château, y est accrochée au mur : La table Ronde... !

Si la ville est mentionnée par Geoffrey de Monmouth (1100 – 1155) dans son ouvrage Historia Regum Britanniae, notamment sous le nom gallois Kaer Guenit, comme un lieu lié à la légende arthurienne, c’est Sir Thomas Malory (1405 – 1471) qui identifie pour la première fois Winchester comme la mythique cité de Camelot, dans « Le morte D’Arthur ». Mais bien que la ville devienne la capitale des rois saxons au VIIe siècle puis de l’Angleterre au IXe siècle, rien ne la rend assimilable à la légendaire cité du roi Arthur.. Le château de Winchester ne fut construit qu’en 1067...
Après notre installation chez notre hôte, nous parcourons les rues de cette petite ville, sous la pluie... Première étape : le Great Hall ; demain matin, nous partons vite pour revenir à notre point de départ – en passant par Bath, étape incontournable, et préparer le retour...
Il pleut fort, et alors que quelques barrières semblent fermer le passage vers l'entrée du monument, nous passons outre. Une dame ''officielle de quelque chose'' courre vers nous pour nous empêcher d'aller plus loin... Nous comprenons que le 'Great Hall' est fermé exceptionnellement aujourd'hui pour le réserver à un mariage … ! Catastrophique … ! Nous tentons d'expliquer – en vain bien sûr – que nous venons de France, exprès, pour voir '' La Table ronde '' (*)...

Il y a d'autres choses à voir, à Winchester, vous savez … ? Tenez, étiez-vous au courant que Jane Austen est enterrée dans la cathédrale … ?
Une image d'une brochure illustre la carte 5 de coupe du Tarot de Jane Austen...
Le cinq de coupe illustre la déception, et la perte d'une certaine illusion...

L'objet de la Quête, n'est pas le but, mais le chemin. Qu'importe de voir, ou non, cette table... ?
Il pleut toujours et nous rejoignons la rue piétonne. Nous naviguons entre les commerces, et nous offrons une pâtisserie avec un thé. Puis, quand la pluie cesse, nous reprenons notre visite...

La cathédrale est l'une des plus célèbres cathédrales d'Angleterre, avec la plus longue nef et la plus grande longueur hors-tout de toutes les cathédrales d'architecture gothique d'Europe.
Ici, eut lieu le deuxième couronnement de Richard Ier Coeur de Lion, à son retour de captivité (1194). puis beaucoup plus tard, les funérailles et l'inhumation de Jane Austen en 1817, morte, donc, dans la ville et inhumée dans l'allée nord de la nef. .
La cathédrale de Winchester abrite une chorale professionnelle internationalement reconnue... Nous avons eu le privilège d'assister à une répétition ...
Amusant de savoir, qu'en 2005, le bâtiment a servi de lieu de tournage au film Da Vinci Code, le transept nord a été employé pour représenter le Vatican...

Un parc est attenant à la cathédrale, l’abbaye, nous y voyons des maisons anciennes... Au cours de notre promenadeAlfred le Grand, roi d’Angleterre au Xè siècle, aussi connu des britanniques que Charlemagne ou Clovis chez nous (et ayant vécu à peine un siècle après ce dernier). L’histoire d’Alfred le Grand est intimement liée à celle de Winchester : il a récupéré le petit bastion qui se dressait déjà là et en a fait un grand château royal, qui subit de nombreuses modifications et resta occupé jusqu’à l’époque victorienne.
, nous tournons autour d'une immense statue : il s'agit d’un seigneur du haut Moyen-Âge, tenant bouclier et brandissant épée. Non … Ce n'est pas le Roi Arthur ; il s’agit d’


(*) La table ronde (5 m de diamètre) en chêne, est mentionnée dans des archives du 14e s. Elle est décorée de peintures représentant le roi Arthur et la liste de ses chevaliers.
Cette table aurait été fabriquée autour de 1250-1290, sous le règne d'Edward I, passionné par le récit arthurien, à l'occasion d'un tournoi.... Le décor peint actuel sur la table fut commandé par Henry VIII lors de la visite de l'empereur Charles V en 1522. L'œuvre montre les noms des 24 chevaliers de la cour du roi Arthur et désigne Henry VIII assis sur le siège du roi Arthur à la position de midi. Au centre, la double rose Tudor, symbole d’Henri VIII, rassemblant la rose rouge des Lancastre (dont il est héritier par son père) et la rose blanche des York (dont il est héritier par sa mère).

Voici les chevaliers de la Table Ronde, selon l’ordre dans le sens des aiguilles d’une montre, en partant de la droite d’Arthur (Le « S » rouge devant chaque nom signifie « Sir »)
1. Galahad ; 2. Lancelot du Lac ; 3. Gauvain ; 4. Perceval ; 5. Lionel ; 6. Tristan ; 7. Gareth ; 8. Bedivere ; 9. Blioberis ; 10. Breunor le Noir ; Lucan ; Palamedes ; Lamorak ; Bors ; Saphar ; Pellinore ; Kay ; Hector ; Dagonet ; Degore ; Brunar ; Guinglain ; Alymore ; et 24 Mordred.

Il manque certains noms, comme Yvain, qui fait pourtant l’objet d’un roman par Chrétien de Troyes, et son cousin Calogrenant.

mardi 18 octobre 2016

Sur les pas du Roi Arthur -11/.- Cadbury-Camelot

Enfin, avant d'atteindre Stonehenge ; nous quittons la quatre-voies ( la A303) pour se dégourdir les jambes dans une petite ballade qui nous amène, par un sentier boisé sur les hauteurs de ''Camelot ''. Sur le petit espace de stationnement, nous rejoignons deux voitures. Nous sommes à South Cadbury dans le Somerset.
Cette colline ( + de 500 pieds de haut) est appelée Cadbury Castle, avec ses cinq remparts de terre massifs renfermant un plateau d'environ dix-huit acres ( mesure anglaise! 18*0.4ha= 7.2 hectares). John Leland ( mort en 1552) érudit et historien anglais, a recueilli les croyances locales qui affirmaient que cette colline était le Camelot d'Arthur (1542). Des fouilles à grande échelle, dans les années 1960, ont révélé l'occupation de Celtes de l'âge du fer, et s'y trouvaient des remparts, une guérite, et plusieurs bâtiments sur le plateau, y compris une grande salle de fête. Le lieu devient une une vaste citadelle avec les romains...
Des légendes populaires racontent qu'Arthur se trouve endormi, ici, dans une caverne fermée par des portes de fer, ou peut-être même d'or. Une fois tous les sept ans à la veille de Noël, les portes s' ouvrent, pour laisser passer le Roi Arthur et ses chevaliers... Si on ne les voit pas, on peut néanmoins entendre le bruit du battement de leurs sabots.







****** Stonehenge dans la plaine de Salisbury, ne nous écarte pas de notre tradition arthurienne. Geoffrey de Monmouth, décrit ce lieu magique, comme étant un mémorial de guerre britannique érigé par Merlin. Pourtant, nous ne nous y attardons pas... Nous avons préféré la vue du haut de la colline de Cadbury.


Tout proche, Amesbury nous rappelle qu'ici se trouvait un grand monastère de 300 moines, détruit au 6ème siècle par les païens ; ce qui n'est pas anodin et renvoie à l'influence du paganisme, et sa place à défendre contre l'avancée inéluctable du Christianisme... Le monastère sous la plume de Gildas, Nennius et Geoffroi aurait été fondé par Ambrosius Aurelianus, chef de la résistance bretonne à l’envahisseur saxon après la chute de Vortigern.

Selon Malory, l’abbaye d'Amesbury, serait le refuge de la reine Guenièvre, après la mort d'Arthur. Elle y serait devenue religieuse. Lancelot, est même venue ici la trouver ; à sa vue, elle serait tombée évanouie. Se sentant coupable, elle le supplie de la laisser expier, et lui l'encourage à se retirer également dans la vie monastique … Plus tard, Lancelot apprend en rêve, la mort de la reine, et revient à Amesbury pour l'enterrer au côtés d'Arthur.


Passer de Merlin et Viviane, au tout début des chroniques du Roi Arthur, au monastère avec la mort de Guenièvre , laisse entrevoir le difficile passage du paganisme au christianisme, sans que cela ne se transforme en guerre et en destruction de l'un par l'autre... Nous avons besoin des deux.
C'est cette image de complémentarité, que j'ai reconnue dans ce jeune couple, qui longeait le site de Cadbury, et marchait sur le haut des talus enlacé, en faisant ainsi le tour des fortifications de ''Camelot''. Ils représentaient la carte du Tarot ( XX), appelée ''Les Amoureux''. Ils sont les maîtres de notre monde intérieur et évoquent l'union parfaite des énergies masculines et féminines...






Totnes, et sa grande rue commerçante, nous donne l'image de la petite ville anglaise, qui garde ses traditions britanniques... De plus, c'est jour de marché. De par son passé historique, on dit que Totnes est l’un des joyaux du Devon. En haut de la ville :Totnes Castle. A l'origine, ce château saxon était une construction de terrassement et de bois, mais au début du 13ème siècle, le donjon actuellement visible a été construite pour couronner le monticule.







Ce soir, nous dormons à Exeter, dans un petit appartement fort spacieux. Ensuite nous nous rendons dans le centre par le bus ; ce qui nous apparaît comme une aventure en soi. Défi relevé, il nous conduit jusqu'à cette magnifique cathédrale.

La cathédrale a été bâtie (1050) peu après l’arrivée de Guillaume le Conquérant. Construite à partir du XIIe siècle en architecture normande, puis gothique à partir du milieu du XIIIe siècle et achevée pour l'essentiel vers 1400, elle fut détruite en partie sous Henry VIII puis reconstruite sous Charles II, mais le bâtiment a surtout souffert des bombardements sous la 2e Guerre Mondiale.

Elle possède plusieurs caractéristiques notables dont un premier ensemble de miséricordes, des plafonds décorés, une horloge astronomique, une galerie de ménestrels, une bibliothèque de livres médiévaux, des reliques, des sépultures et la plus longue voûte ininterrompue d'Angleterre.

Widsith est un poème en vieil anglais de 143 lignes. Ce poème ne survit que dans le livre d' Exeter , un manuscrit écrit à la fin du 10ème siècle.
Le poème est pour l'essentiel une descriptions de hauts personnages, de rois et de héros de l' Europe dans l' âge héroïque de l' Europe du Nord.

samedi 15 octobre 2016

La rencontre du mythe et de l'histoire des hommes... -2/4-



« Pour ses nobles seigneurs dont chacun s'estimait le meilleur et dont nul ne savait qui était le moins bon, Arthur fit faire la Table ronde sur laquelle les Bretons racontent bien des récits. Les seigneurs y prenaient place, tous chevaliers, tous égaux. »
Wace, Le Roman de Brut, ca. 1155

La table ronde de Winchester ( photo) (5 m de diamètre) en chêne, est mentionnée dans des archives du 14e s. Elle est décorée de peintures représentant le roi Arthur et la liste de ses chevaliers.
Cette table aurait été fabriquée autour de 1250-1290, sous le règne d'Edward I, passionné par le récit arthurien, à l'occasion d'un tournoi.... Le décor peint actuel sur la table fut commandé par Henry VIII lors de la visite de l'empereur Charles V en 1522...

* Deux mythologies vont se rencontrer, s'affronter, parfois fusionner ... Le christianisme et le paganisme...

La Vérité du Christianisme, ne pouvait coexister avec des traditions qui s'étaient développées bien loin d'elle. Je veux parler, bien sûr ici, du paganisme ( sous ce mot, je regroupe toutes les croyances populaires qui ont eu cours depuis plus de dix siècles, avant l'avènement de Jésus-Christ.. ! Ce n'est quand même pas rien...)
1477 - procession païenne
Les ''Pères de l'Église'' dénoncent - comme des auteurs de fables mensongères - les poètes païens, fabricants de faux dieux, ils sont responsables des superstitions et de l'idolâtrie...
Les apologistes chrétiens s'appuient sur la parole du Psaume (95,5) pour dire que les dieux des nations sont des démons... C'est intéressant: ils existent donc;  mais, sont démoniaques ...

Au Moyen-âge, seule l'Église est en mesure de reproduire et de diffuser des écrits, de constituer des bibliothèques ; elle peut donc opérer une censure de facto et ne divulguer que ce qui sert ses desseins. Nous assistons alors à un double mouvement : censure des auteurs et du merveilleux païens, et – ça c'est assez ''fantastique'' : récupération et création d'un merveilleux chrétien.

Le paganisme:
Les païens honorent leurs dieux dans des temples, vouent un culte aux divinités des arbres, des sources et des pierres. Notons également le culte des sources et des fontaines, bien attesté dans tout l'Occident médiéval : les lois chrétiennes du Gulathing, en Norvège, reprochent aux païens de croire aux génies tutélaires (landvaettir), que ce soit dans les bosquets d'arbres ou dans les tertres ou dans les cascades. Régis Boyer constate que les sources recevaient des offrandes de vivres en Scanie, donnaient lieu à des rites et des mariages en Vàstergôtland et à des cérémonies propitiatoires en Nárke. Toutes ces pratiques sont bien connues de l'Église qui ne cesse de les combattre; - par exemple - dans les actes du concile de Tours, en 567...

Pourtant : Grégoire de Tours ( († 594)) relate l’initiative pastorale d’un évêque auvergnat qui, impuissant à déraciner une fête païenne se déroulant sur le mont Helarius, construit sur les lieux une église en l’honneur du saint chrétien Hilarius.

Grégoire le Grand (mort en 604) ordonne d'utiliser les édifices païens après en avoir éloigné les idoles et après lustration, mais le synode de Nantes (vers 658) rend obligatoire la destruction des édifices du culte païen ; en outre, les arbres doivent être coupés, les racines arrachées et brûlées, les pierres enlevées et jetées en un autre heu, là où elles ne pourront plus servir au culte.
Grégoire le Grand donne aux missionnaires qu’il a envoyés en Angleterre des instructions sur la façon de transformer les temples païens en églises chrétiennes. Ces deux textes révèlent une stratégie pastorale complexe qui, face au paganisme, mêle adroitement les catégories de la destruction et de l’oblitération avec celle de la récupération.

Sources : Paganisme, christianisme et merveilleux - Claude Lecouteux
A suivre ....

mercredi 12 octobre 2016

Sur les pas du Roi Arthur -10/.- le XIXe siècle

''Cornwall'' est parsemée de lieux, pierres ou mottes, qui inscrivent un passage du Roi Arthur... parmi les plus cités :

* Près de Camelford, et non loin de Tintagel – ' Arthur stone ' est une pierre de 2,75m de long, sans doute verticale, elle est couchée depuis des siècles. Elle est située sur les rives de la rivière Camel dans le nord de Cornwall...
Il y a une inscription: "LATINI IC IACIT FILIUS MA ... "; traduite, cela pourrait donner : ''Ci - gît Latinius, le fils de Ma [Carius?]"... Ce ''Macarius'' renverrait ( je ne sais comment...?) à '' Magni Arthur ''… Mais, il y a une autre inscription qui serait écrite dans un alphabet runique-style appelé Ogham - une langue «secrète» utilisé par les druides en Irlande.
L'utilisation de cette pierre remonterait ainsi au sixième siècle.

Aujourd'hui, des milliers de touristes visitent
la 'pierre du roi Arthur' chaque année. L' un des voyageurs à faire cette visite, en Juin 1848, fut le poète Tennyson. A propos de sa visite , il a écrit: " Recherche de la pierre du Roi Arthur, finalement trouvée sous deux ou trois sycomores. La pierre, longue de neuf pieds, se trouve dans un cadre humide et pittoresque, près d' un ruisseau. Sur le monument est inscrit un texte, qui la daterait du VIe ​​siècle. " Cette découverte a été l' une des raisons qui l'ont inspiré à écrire ''Idylles du roi '' (1859). 

Aujourd'hui, se trouve là, un centre arthurien : Les visiteurs peuvent marcher à travers les champs où le roi Arthur et Mordred furent réunis pour leur dernière bataille. Une salle d'exposition reprend les légendes, avec jeux pour enfants et boutique ...


** Précédemment, sur cette route qui nous conduit à la pointe de la Cornouailles, nous aurions pu observer une colline, emplacement du ''Castle Killibury'', (Nr Wadebridge). Ici, selon le Mabinogion (premiers écrits gallois du XIe siècle) le texte 'Culhwch & Olwen', fait état de la cour d'Arthur à Kelliwic, où il tient tribunal ...

*** Il y a également un monolithe de granit sur Bodmin Moor, qui ressemble à un cercueil évidé, il est connu sous le nom d'Arthur Bed.

**** Toujours dans le même coin, Dozmary Pool in Bodmin, est un lieu important, puisque on y voit le lac qui abriterait le château enchanté de la Dame du Lac... C'est ici, que le Roi Arthur a reçu d'une main féérique, sortie de l'eau, son épée Excalibur... Et c'est ici, encore que l'épée fut rendue à la dame du lac, par Bedivere alors qu'Arthur agonisait lors de la bataille de Camlann...
Un autre légende est associée à Dozmary Pool, elle concerne Jan Tregeagle, un intendant particulièrement sévère, avec ses fermiers . Il aurait assassiné sa femme, de plus Tregeagle n'hésite pas, contre la richesse et le succès, à faire un pacte avec le diable... À la fin de sa vie, il est damné ; on dit que le fantôme de Tregeagle peut encore être entendu quand il hurle à travers la lande...


Le XIXème siècle, est une période friande de légendes médiévales, et fait souvent référence au cycle arthurien. Le récit des aventures du roi Arthur et de ses (preux) chevaliers connaît un renouveau sans précédent dans la peinture (grâce aux Préraphaélites), la poésie et la culture populaire pendant le règne de Victoria (1837-1901).

« Arthur is come again: he cannot die. » Alfred Tennyson, “The Epic”, v. 72-5

Lord Alfred Tennyson, est le poète favori du règne de Victoria, il magnifie la légende à partir de 1832 dans La Dame de Shalott, les Poems puis les Idylles du roi (1859-1885) La grande œuvre source de langue anglaise, La Mort d'Arthur de Thomas Malory (1470) est réédité de multiples fois …

Précisément, A Lanhydrock, situé non loin de 'Bodmin moor', une superbe demeure victorienne ( 53 pièces ) avec de magnifiques jardins, nous accueille, et nous ramène 130 années en arrière...
Monastère augustinien au Moyen Age, Lanhydrock devient une demeure privée en 1530. Elle est acquise en 1620 par la famille Robartes qui y réside jusqu'après la Première Guerre Mondiale. L'édifice ayant été dévasté par un incendie en 1881, l'habitation avec le nouveau confort, date en majeure partie de l'ère victorienne, les parties les plus anciennes remontant aux années 1620.








En effet, le temps semble s'être arrêté, comme si les maîtres de maison étaient sortis pour une promenade dans le parc. Nous déambulons dans l'intimité d'anciens vivants, leurs objets personnels, leur chambre, le salon... Les parties des domestiques sont également visibles ; et le tout donne un bon aperçu de la vie de l'époque dans les riches familles anglaises.
Les habitants ont subitement disparu – tous morts aujourd'hui – et tout ce à quoi ils tenaient le plus, s'observe à présent et avec insolence du haut de notre présent… Quelle est donc notre véritable place dans l'histoire humaine ?







Sur cette photo prise dans la chambre du capitaine Tommy... Je remarque un élément, une carte … En agrandissant la photo ; je retrouve précisément l'arcane XII de la mort ( Death)... !

Cette valise est celle-là même qu'a utilisée Thomas Agar Robartes (1880-1915), héritier du domaine, à la bataille de Loos ( en Nord-Pas de Calais ) en 1915... Là, où il est tombé au combat ...