jeudi 30 juillet 2015

Honneur à l'incroyance : Jean-Pierre Changeux – 5

Neurobiologiste français, né en 1936, J.P. Changeux s'est beaucoup exprimé par des ouvrages de vulgarisation scientifique, dans lesquels il exprime que ses travaux confirment l'interprétation matérialiste et athée du monde vivant : « Mon travail va de la molécule à l'âme » ; nous sommes bien dans la ligne de ''l'homme machine''.
La pensée, l'esprit est une production de l'activité physico-chimique du cerveau, et elle n'a pas d'autre origine.
Il affirme l'absence de libre arbitre, « Les hommes se croient libres car ils ignorent les causes qui les déterminent » Spinoza
Sans doute l'homme n'est-il pas strictement un automate pré-cablé, car « il existe une variabilité dans le câblage, ainsi qu'une activité neuronale spontanée dont le résultat est que, souvent, plusieurs possibilités se présentent. Le cerveau en choisit une en anticipant les conséquences de chacune d'elles. Si vous voulez appeler cela le libre arbitre, cela ne me gène pas. » JP Ch.

«  La religion est également une production du cerveau … Je suis persuadé que c'est la connaissance scientifique qui permet d'apporter une réponse aux problèmes en apparence insolubles. Je partage ainsi l'espoir des Lumières, à savoir que l'on peut faire évoluer l'éthique par la science. »

Je ne partage pas du tout l'optimisme de ce dernier point.
Évidemment seules les disciplines - qui par les mécanismes de la raison ( donc du cerveau) font avancer la connaissance sur la matérialité de notre monde – peuvent nous aider à nous représenter ''ce monde''.
Mais puisque ce monde là est fini ; qu'en est-il, hors ses frontières... ? La raison, ne nous permet pas d'appréhender – à elle seule – le ''Tout Autre''... Pourtant, les chrétiens font confiance à des témoignages – eux, en prise avec le réel – sur cet '' au-delà ''… J.P. Changeux, évidemment ne peut rien nous en dire ; et sur ce plan, je préfère lire les ''Evangiles ''

Donc, je ne partage pas l'optimisme de J.P. Changeux, parce que la science ne m’apparaît pas opportune pour régler les questions éthiques. J'en aurais la preuve, en ce moment, avec la problématique écologique. L'écologie est d'abord une science, elle paraît bien inefficace pour sortir l'humanité de la situation critique où elle se trouve. La solution ne peut pas être que technique !


Il faut la hauteur de l'esprit humain, au-delà même de ses raisonnements, pour appréhender la globalité de notre monde...
Et c'est un véritable projet comme l'Ecologie Globale - que le pape François vient de développer - qui peut toucher les consciences, et faire gagner  - à notre monde - un peu plus d'humanité...
Cet idéal d'Humanité ( fin des temps ) pourrait par analogie, représenter ce que nous entendons par ''Divinité'' ... ( Divinité, bien éloignée du dieu Zeus..ou du vieillard barbu.. ! )


lundi 27 juillet 2015

L'origine du Tarot

- La légende : Aucun élément sérieux ne permet de reconnaître la très haute antiquité du tarot. Il ne serait pas l'œuvre des grands initiés de l'Égypte ancienne...! Il n'est pas non plus d'origine hébraïco-kabbalistique. Ni bohémienne. Ni …. extraterrestre… !

Roue de Fortune
- L'Histoire : Récemment un documentaire sur Arte, le rattache à : Marsile Ficin (1433-1499) , un philosophe italien, traducteur de Platon et proche de Cosme de Médicis, seigneur de Florence au milieu du XVe siècle. Sa philosophie, composition intime de métaphysique, de religion et d'esthétique, fit autorité de son temps. Il eut pour disciples et collègues de travail Jean Pic de la Mirandole, Ange Politien et Jérôme Benivieni. Ce fils de médecin, féru d'astrologie, aurait créé les vingt-deux atouts du tarot à des fins pédagogiques pour transmettre son enseignement aux étudiants de l'Académie néoplatonicienne qu'il dirigeait et pour dissimuler à l'Église sa pensée iconoclaste qui mêlait les croyances de l'Antiquité et le christianisme. ( Voir Docu sur ARTE )
mandorle Bas-relief de la cathédrale de ChartresTarot Le monde 21
Mandorle - Bas-relief de la cathédrale de Chartres Tarot - 21 - Le Monde
Marcel Ficin, aurait utilisé ces ''Naïbi'', cartes de jeu connues en Italie depuis le XIVème siècle.
amiens10
la Tour - Amiens
Le ''chaînon manquant'' entre la culture du Moyen-âge et la brutale apparition "ex nihilo" des naïbis en Italie du nord en 1375/77, semble appartenir aux graphiques et images des compagnons, imagiers des cathédrales, que sont les tailleurs de pierre, les troubadours et trouvères...  Avec le tarot, nous approchons l'âme du ''peuple du roman''.
Le Moyen-Âge, riche en sa foi, est là avec son exubérance, son symbolique ; le tarot de même nature que la pierre taillée qui surgit dans l'ombre de l'église ; et le frère de la sculpture, du vitrail, de l'enluminure qui transmette la pensée car le livre n'est guère accessible, et les illettrés sont nombreux voir la majorité. Il ne serait pas invraisemblable qu'on ait cherché à diffuser une pensée 'philosophique' au moyen de ces cartes au format réduit, aux images récréatives d'apparence anodine.
Les emblèmes des cartes : sont assimilés aux quatre éléments : les épées à l'air (car l'épée tourbillonne dans l'air), les bâtons au feu (ils sont issus du bois, lequel s'enflamme), les couples à l’eau (elles contiennent des liquides), les deniers à la terre (ils sont faits des métaux qu'elle recèle). Mais ce n'est pas assez : les épées symbolisent en outre la volonté et la puissance, les bâtons le travail et les devoirs d'État, l'énergie matérielle et la fécondité, les coupes l'amour et le mysticisme, l'élaboration intime des richesses spirituelles, les deniers enfin les connaissances et l'art combinatoire, toute industrie créatrice qui aménage le monde extérieur.
En 1377, nous avons dans les archives de la ville de Viterbe, entre Rome et Florence, le premier édit réglementant ou interdisant les jeux de hasard et d'argent, où les naïbbi soient cités, et c'est le début d'une longue liste d'interdictions.
Le plus ancien des tarots semble être le Cary-Yale (67 cartes conservées). Il est daté du début du XV ème, vers 1420/25.
Les plus anciens jeux de tarot actuellement connus ont été réalisés dans les cours d'Italie du Nord (Milan et Ferrare) à partir des années 1440-1450.
L'un des plus curieux est celui de la collection Goldschmidt, peint en Italie ou en Provence au milieu du XVe siècle : certaines des neuf cartes conservées présentent une emblématique à résonance hermétique (l'as de Coupe pourrait faire allusion au Graal et à la fontaine des « amoureux de science »)
Tarot de Charles VI, Italie du Nord (Venise, Bergame?), fin XVème siècle
Le Tarot de Jean Noblet, Paris, XVIIème siècle.
Le Tarot de Jean Dodal, Lyon, vers 1701
A suivre:  le Tarot Arthurien...

vendredi 24 juillet 2015

Le Tarot, le Graal et la Chevalerie

Les vacances permettent de partir vers des contrées moins connues... Ce pays est le Tarot, et chacune des ' lames ', sera l'étape de ce cheminement....
En dehors de l'art divinatoire ( que j'ignore complètement...!) , le Tarot offre un outil de développement personnel et de connaissance de soi. 
En effet, chaque lame représente un archétype universel. Et avec 22 lames majeures et 56 mineures, l'immense diversité du monde peut s'y retrouver. Chaque lame est bourrée de symboles. On peut ainsi établir une véritable communication avec son inconscient...
Le Tarot arthurien, décrit - des personnages ou des thèmes majeurs - des légendes arthuriennes. Les archétypes puissants qui sous-tendent cette tradition recèlent encore une profonde sagesse qui nous instruit et nous encourage, si nous y avons recours. Ainsi, au-dessus de la création littéraire qui a médiatisé ces personnages, ils sont en nous tous... La nature de leur vie et de leurs aventures est telle qu'ils accomplissent toujours des actions archétypales... Elles sont comme codifiées et alignées sur des modèles du monde naturel et intérieur...
Tarot of the Holy Grail
Les histoires au sujet du Roi Arthur et de sa cour proviennent de modèles bien antérieurs au Moyen-âge, de traditions orales et mythiques celtes en particulier, puis chrétiennes ensuite …
On pourrait même y ajouter les contributions de Tennyson, T.H. White, Charles Williams et de nombreux romancier(e)s modernes...
L'universalité du Tarot n'a pas besoin de preuves, non plus que le pouvoir des histoires arthuriennes d'émouvoir, et d'illuminer ceux qui en ont la connaissance...
XVII. Grail (Star) Perceval  Matthews-Caselli TarotLe symbolisme qui gouverne ce jeu est celui des '' objets sacrés '' même : l'Epée, la Lance, le Graal et la Pierre, qui sont emblématiques des éléments Air, Feu, Eau et Terre ; et qui sont les objets de cette Quête... La Quête du Sacré...
Recevoir ces ''insignes de souveraineté'', c'est ne plus nous reconnaître ''blessé'' comme le Roi du Graal de la légende, mais réalisé, restauré par le pouvoir des éléments...
Le Tarot Arthurien ( c'est à dire : le mythe), remonte plus loin que son épanouissement médiéval et littéraire plus élaboré ; aussi, les images ne représentent pas directement les personnages de la saga littéraire...Design for an unpublished Arthurian tarot deck, showing Parsifal and the Holy Grail
Le Tarot du Graal, associe l'objet légendaire et sacré du christianisme qu'est le Graal, et la chevalerie, avec sa composante ''légendaire'' que sont les Templiers...
Nul ne sait comment naissent les légendes... C'est un peu comme si elles avaient toujours été présente dans les recoins les plus profond de la psyché ( l'âme) humaine, et ce qui explique la grande fascination sur tous ceux qui s'y intéressent...
grail tarot - john matthews & giovanni caselli - MagdaleneLe Graal est l'objet d'une Quête, il représente un lien entre le sacré et le profane.. Il est un objet pourvoyeur d'interrogations sur le monde dans lequel nous vivons, donc un outil de quête personnelle en vue d'un développement personnel, voire d'un rétablissement spirituel...
Le poète médiéval Wolfram von Eschenbach, dans son poème Parzival ( v 1220) donne à ceux choisis pour garder le Graal le nom de Templeisen ( Templiers(*) )
Je rappelle, que pour le Graal, on peut le rattacher - au chaudron que le roi Arthur et ses guerriers doivent ramener de l'autre monde et cité dans un poème gallois du IXe s. le Preiddeu Annwn, attribué au barde Taliesin ; puis, ensuite – à l'objet mystérieux cité par le français Chrétien de Troyes au début du XII e s. dans son poème inachevé Perceval ou le Conte du Graal …
The Arthurian Tarot 28The Arthurian Tarot Nimue
Le Graal a subi, au cours des continuations de la légende, toute une série de transformations, - du paganisme celte au cœur de la foi chrétienne - preuve que l'on ne peut codifier l'objet à une image ou une idée …The Arthurian Tarot Perceval
Le lien des Templiers et du Graal, est faite par Bernard de Clairvaux, dans sa règle du Temple où il parle de l'ordre en termes similaires aux descriptions des chevaliers du Graal des romans médiévaux de l'époque...
Peu après que Bernard eut rédigé ce texte, l’Église avait commandité sa propre variante très christianisée de la légende arthurienne, avec l'histoire du Graal depuis l'époque du Christ à la fin du règne du roi Arthur – le Cycle Vugate ou Lancelot-Graal -
Mais, qu'en est-il de l'origine et de  l'histoire du Tarot...? Prochain article....

mardi 21 juillet 2015

La liberté du ' croyant '

« L'homme est libre depuis le commencement. Car Dieu est liberté, et c'est à la ressemblance de Dieu que l'homme a été fait. » Irénée de Lyon, IIe s.

La liberté c'est le préalable inconditionnel à tout chemin de foi. Cette liberté revendique l'utilisation de la raison – incontournable -, mais pas seulement. La liberté, se nourrit de questionnement, de risque, d'hypothèse, d'intuition, de passion …

Si les Evangiles, ne contredisent pas cette appréhension de la Liberté. La religion, beaucoup plus souvent au service des ''pouvoirs'' que des Evangiles, a bafoué cette valeur ontologiquement humaine:

- Parler de liberté, ici ; c'est évoquer en particulier la ''liberté de conscience''. Une idée que la pape Grégoire XVI en 1832, traitait de « délire » ! Plus gravement, en 1864, le pape Pie IX écrivait dans le Syllabus que c'est une erreur d'affirmer  « Qu'il est libre à chaque homme d'embrasser et de professer la religion qu'il aura réputée vraie d'après la lumière de la raison. »

Heureusement, la Liberté ne se donne pas, elle se prend... parce qu'elle est déjà là, en chaque homme et femme... C'est ainsi, que le sens est donné. Le Concile Vatican II , en 1965, reconnaît le droit à la liberté religieuse... Nous y rajoutons ( ''naturellement'' ) la liberté de conscience qui inclut la liberté de ne pas avoir de religion ou d'en changer...

Michel Ciry
On pourrait relever dans le ''droit canon'' actuel, ce qui semblerait un paradoxe :
- (canon 748) : « Il n'est jamais permis à personne d'amener quiconque par contrainte à la foi catholique contre sa conscience »

- (canon 752) : « Ce n'est pas vraiment un assentiment de la foi, mais néanmoins une soumission religieuse de l'intelligence et la volonté qu'il faut accorder à une doctrine que le Pontife Suprême ou le Collège de Évêques énoncent en matière de foi et de mœurs, même s'ils n'ont pas l'intention de la proclamer par un acte décisif ; les fidèles veilleront donc à éviter ce qui ne concorde pas avec cette doctrine »

Intéressant … ! Je n'aime pas l'aspect juridique du ''canon'', qui ne colle pas avec le questionnement spirituel. Mais, je comprends, que l'on puisse éprouver le besoin de formaliser une ''carte d'orientation''... Ce que je retire, de cette formulation, c'est la question de l'obéissance à la Tradition.
'' Obéissance'', ''Tradition'': appartiennent là à un vocabulaire spirituel, qui nécessite – à tout prix – un respect du cheminement spirituel de chaque personne, avec son histoire, sa personnalité, sa liberté... C'est la nécessité pour chacun d'entrer ( librement ) dans une Tradition : nous sommes des nains sur les épaules de géants qui nous ont précédés.
Cette '' soumission ''  n'est qu'au service d'une plus grande liberté...  «  La Vérité vous rendra libres » Jésus dans Jean 8, 32


«  Jésus n'impose jamais... Si tu veux, viens.
Et l'humilité de Jésus est ainsi, Lui, il nous 'invite' toujours. Il n'impose pas...
Jésus ne veut pas des chrétiens égoïstes, qui suivent leur propre 'ego' – ne parlent pas avec Dieu -,
ni des chrétiens faibles, des chrétiens qui n'ont pas de volonté propre,
des chrétiens 'télécommandés', incapables de créativité,
qui cherchent toujours à être connectés à la volonté d'un autre, et ne sont pas libres.

Jésus nous veut libres ! » Le pape François.

samedi 18 juillet 2015

Honneur à l'incroyance : P. Bayle (XVIIe s) et J. Bouveresse (XX es .) – 4

Il serait temps de rendre justice, à ces hommes et femmes, qui se sont rebellés contre tout un lot d'idées reçus, sensées défendre la foi chrétienne...

Par exemple, Pierre Bayle (1647-1706), calviniste, qui combat pour la liberté religieuse et la liberté de penser … A l'occasion de la comète de décembre 1680, il montre qu'il s'agit d'un événement purement naturel et qui n'est en aucun cas un signe envoyé par Dieu, ce que la majorité des gens croient... Autre idée reçue : les athées sont immoraux, puisqu'ils ne croient pas en Dieu ! Spinoza, qualifié d'athée mène une vie vertueuse, Lucilio Vanini (1585-1619) peut endurer le martyr pour ses idées ..
«  On a reconnu de tout temps que la religion était un des liens de la société, et que les sujets n'étaient jamais mieux retenus dans l'obéissance que lorsqu'on savait faire intervenir à propos le ministère des dieux … etc »
Mirage
Bayle s'appuie sur la raison, et le bon sens … Il note - à juste titre que - s'il y a dans la Bible une affirmation catégorique qui contredit une démonstration rationnelle: il faut suivre la Bible !, ce qui est incompatible avec le fait que la ''raison naturelle'' doit être le guide suprême...
On accuse Bayle de favoriser les athées, de mettre religion et athéisme sur le même plan , comment... ? En prêtant à la nature une organisation interne... !
Bayle, sans doute pour se défendre, entretient jusqu'à sa mort l'incertitude concernant ses convictions intimes...


Intéressant de comparer la situation ancienne de la prépondérance de la religion, avec la situation d'aujourd'hui... Ce qui a fondamentalement changé : c'est le statut de la ''vérité'' …
Jacques Bouveresse ( né en 1940) est un philosophe français. Il s'interroge sur le statut de la vérité... Aujourd'hui, le virtuel, les prouesses technologiques qui poussent à croire que tout est possible, la surabondance des faits et l'absence de synthèse favorisent la crédulité... Niant toute objectivité, on peut légitimer toutes les croyances '' à chacun sa vérité'' … Affirmer tient lieu de penser...
L'homme moderne ne 'croit' en rien, et peut 'croire' en tout et n'importe quoi ...

Nicholas-Roerich 
Bouveresse reproche au christianisme de noyer la recherche de la vérité dans le vague, le brumeux, le fumeux, dans une rhétorique spirituelle creuse, qui se gargarise de mots sans jamais préciser leur contenu... «  Le vague compréhensif et œcuménique » permet de récupérer tout le monde, tous ces gens de bonne volonté qui sont des ''chrétiens'' qui s'ignorent.

Il reprend les propos du philosophe Clifford : «  Il ne peut pas y avoir des devoir obligeant à respecter des croyances qui ne s'appuient sur aucune raison et des croyants qui ne sont pas disposés à faire un effort quelconque pour trouver des raisons de ce qu'ils croient et accepter de les indiquer »
Pour J Bouveresse, les religions profitent aujourd'hui de la déchéance de l'idée de vérité. Ce qui compte ce n'est plus de savoir si une religion est vraie, mais si elle est bonne, utile, consolante.... On croit à la croyance, à ses vertus apaisantes et consolantes... Le contenu importe relativement peu !


Je pense que les ''croyants'' ont à justifier de leur foi. Aujourd'hui la religion s'embourbe peut-être trop facilement dans cette recherche du ''développement personnel'' qui privilégie le 'ressenti' plus que la raison. Il ne faut pas craindre non plus de renvoyer aux adeptes de la ''raison'', que les chemins de la connaissance ne sont peut-être pas tous 'rationnels', même s'ils doivent par honnêteté se prêter à la critique, et aux questions de la raison ...

mercredi 15 juillet 2015

En quête de l'Absolu ...

En quête du Graal ou de l’Absolu, l’aventurier se bat contre l’Absurde...


Rencontrer le sublime, au travers de la Beauté, l’Art ou même ( à une certaine époque …) la Révolution , peut remplir une vie. 
Et pourtant, étrangement, la Joie ( profonde, intérieure…)  semble absente… Le Bonheur illusoire … !






A mon avis, Jésus, le Christ, est l’un parmi nos maîtres de vie, à proposer conjointement le sublime et la paix, la beauté et la joie, la quête et le repos, le masculin et le féminin … La rencontre de l’autre et du Tout-autre.

dimanche 12 juillet 2015

Honneur à l'incroyance : M. Bakounine – 3

Naturellement, tout homme qui prend conscience de la dignité de l'humain, se révolte contre les diverses formes sociales ou religieuses qui pourraient maintenir l'humain dans l'aliénation...

Mikhaïl Bakounine (1814-1876) anarchiste russe, est un athée radical. L'idée même de Dieu lui est odieuse : une idole obstacle à la raison, à la justice et surtout à la liberté : « L'idée de Dieu implique l'abdication de la raison et de la justice humaines ; elle est la négation la plus décisive de la liberté humaine et aboutit nécessairement à l'esclavage des hommes, tant en théorie qu'en pratique... Si Dieu est, l'homme est esclave ; or l'homme peut, doit être libre ; donc Dieu n’existe pas. Je défie qui que ce soit de sortir de ce cercle, et maintenant, qu'on choisisse... Est-il besoin de rappeler combien et comment les religions abêtissent et corrompent les peuples ? Elles tuent en eux la raison, le principal instrument de l'émancipation humaine, et les réduisent à imbécillité, condition essentielle de l'esclavage. » ( Dieu et l'Etat, 1871)

Oui, il est besoin de rappeler que dans l'histoire les religions ont servi les enjeux de pouvoir. Mais si la religion l'a fait, elle aurait pu ne pas le faire ; et bien souvent aussi, elle a fait le contraire... Au cœur de la doctrine religieuse, se trouve la reconnaissance de la personnalité de chacun. Cette doctrine s'adresse à chacun(e) dans sa singularité, et refuse de considérer la personne comme un simple élément d'une collectivité...

Et ce qui rend à toute personne sa dignité, c'est sa singularité inaliénable et reconnue, donc sa liberté... Cette dignité s'apparente même dans son essence, à ce que nous définissons comme étant de Dieu : puisque nous disons que Dieu est Personne, que Dieu est Relation ( c'est le sens de la Trinité chrétienne...)... 
Si l'homme n'est pas libre, alors Dieu n'existe pas … !

vendredi 10 juillet 2015

Parler de Dieu, comment fait-on aujourd’hui ?


C’est devenu presque insupportable pour la plupart des gens car ils ont souvent une définition très simpliste de Dieu.

Le grand penseur et poète, Jean Grosjean, qui fut aussi prêtre, écrivait : « Dieu, c’est l’abîme intérieur ». Dieu, c’est notre abîme intérieur.
Ce n’est pas une autorité qui viendrait nous écraser ou nous culpabiliser. Ce n’est pas non plus quelqu’un qui vient nous dire comment il faut vivre.
C’est l’insondable en nous mais qui fait que nous vivons, c’est-à-dire que nous inventons, que nous créons, que nous jouons, que nous rions. Voyez, c’est à peu près l’inverse de tous les intégrismes.
C’est une puissance vitale qui traverse la mort mais qui n’en est pas défaite, c’est comme un printemps portatif.

Christian Bobin

mardi 7 juillet 2015

Tale of Tales – Le conte des contes. -2/2-


Ces contes ilustrés dans ce film convoquent des archétypes profondément ancrés dans notre culture: de la jeune fille rêvant d’un beau prince à la sorcière qui donne une beauté provisoire à une lépreuse, de l’ogre rageur au fils bâtard qu’on exile.



Les héros de « Tale of Tales » ont tous un point commun : l’obsession. Le roi de Roccaforte (Cassel) est obsédé par le sexe et l’envie de posséder la jeune fille à la voix d’or.


Deux vieilles filles, deux soeurs sont obsédées par leur  jeunesse perdue et feront tout pour changer de peau.


La princesse d’Altomonte ne pense qu’à se marier, alors que son père qui ne veut surtout pas voir sa fille grandir, ne s’intéresse qu’à une curieuse créature…


La Reine de Selvascura ( Salma Hayek) veut un enfant à tout prix. Son mari est prêt à tout pour son bonheur. Et ainsi de suite....


J'ai trouvé le film, visuellement magnifique, tout en contraste, alternant paysages vastes et lumineux à des grottes sombres, des charniers et des boucheries enfumées, ou créant le contraste au sein d’une même scène (reine dévorant un cœur de bête dans une salle immaculée). Donc, un très beau livre d’images que l’on pourrait interpréter à loisir. Une belle musique qui s'adapte parfaitement au récit. Et la beauté de la photo, des décors, et des costumes...



Mes réserves se portent, sur le rythme peut-être un peu lent, une juxtaposition des contes qui s'imbriquent sans but, et la faiblesse de la fin qui n'est pas à la hauteur de chacune des histoires qui , je l'espérais, auraient pu culminer ensemble …





dimanche 5 juillet 2015

Tale of Tales – Le conte des contes. -1/2-

L'amateur de contes que je suis, ne pouvait pas rater ce film '' Tales of Tales '', qui pourtant à Limoges ne passe que dans la salle Art et Essais... ( ? !).



The Pentamerone’ by Giambattista Basile, 
illustrated by Warwick Goble. Published 1911
 
Ce film s'inspire très librement de l’œuvre de Giambattista Basile : Le Conte des contes ou Pentamerone, recueil du XVIIe siècle de contes populaires italiens. (Le film adapte trois histoires.)
Le recueil a inspiré les autres conteurs, dont Charles Perrault et les frères Grimm, et on y trouve déjà, les histoires de la Cenenterola (Cendrillon), de la Belle au bois dormant et du Chat botté.



Illustration du Pentamerone 
par Franz von Bayros en 1909
Von_Bayros 
Il Pentamerone
 

Déjà les contes de Basile se caractérisent par leur méchanceté et leur cruauté ; de plus le film offre quelques scènes dénudées, des instants violents qui ne destinent pas ces images aux enfants … A mon avis, les enfants peuvent entendre ce type d'histoires...
Mais, les voir, explicitement, peut être réservé aux adultes ; d'ailleurs certains diraient que l'image tue le récit ; d'autres qu'il leur faut beaucoup plus que des monstres marins, des sangsues, des puces géantes, des ravins, des crevasses, un ogre édenté à la Frankenstein et de l'érotisme gentillet et des jongleurs pour les émerveiller… ou les émouvoir. Pour moi, la recette me convient.


A noter les somptueux décors du patrimoine architectural italien (Palazzo Reale de Naples, Paazzo Vecchio de Florence, le prodigieux Castel del Monte ou le vertigineux Castello de Roccascalegna).





Le synopsis de Tale of Tales : film de Matteo Garrone avec Salma Hayek, Vincent Cassel et Toby Jones, résume cette histoire ainsi :

« Il était une fois trois royaumes voisins où dans de merveilleux châteaux régnaient rois et reines, princes et princesses : un roi fornicateur et libertin, un autre captivé par un étrange animal, une reine obsédée par son désir d’enfant… Sorciers et fées, monstres redoutables, ogre et vieilles lavandières, saltimbanques et courtisans sont les héros de cette libre interprétation des célèbres contes de Giambattista Basile. »

A suivre...