samedi 8 mars 2014

Une religion extérieure à l'humain...?

Intéressant de constater qu'un théologien, mort il y a plus de trente ans, peut être à ce point vivifiant dans sa manière d'interroger la Foi. Henri Bouillard (1908-1981), jésuite, avait déjà la conviction que c'est en se confrontant à « ceux qui ne croient pas », que nous ( ceux qui pensent « croire » ) pourrons comprendre ce que nous croyons … Ainsi, convient-il, d'interroger quelques-unes de nos convictions, pour les corriger: au moins, dans leur formulation ...
Peinture de Vittorio Polidori

Dans notre monde largement sécularisé, le « religieux » semble appartenir à «  l'extérieur » de ce monde, triple extériorité même :

*Extériorité d’un commandement divin.
Dieu nous aurait dicté ses commandements ! Cela ne passe pas vraiment … Par contre, ce que nous pouvons comprendre, c'est « ce qu’Israël recevait comme loi divine : c’était la loi que ses chefs, ses prophètes et ses scribes avaient  progressivement conçue et dégagée, sous la lumière que Dieu leur accordait » H.B. . Évidemment, la Loi n'est pas un diktat extérieur... Elle est ce que chacun de nous cherche, désire vivre ensemble, et découvre dans l'Esprit. Dieu agit du fond de notre être, et par la conscience, ensuite, répond à notre exigence de sens et de cohérence...

*Extériorité d’un ailleurs eschatologique.
Notre « salut » serait au-delà... ! Nous reléguons alors le Royaume dans le futur; et en attendant pourquoi ne pas se résigner ! Critique souvent entendue et justifiée... Alors, que l'Evangile ne peut que nous inspirer immédiatement...De plus, la morale du monde se construit avec la raison, et il est indispensable d'intégrer les nouveaux progrès de la conscience humaine ( ex : les Droits de l'Homme...)
Dresde, en 1945

*Extériorité d’un pouvoir que s’attribue l’Eglise pour définir la morale et en préciser les applications.
Il y a dans le « jugement » une manière bien peu évangélique, de parler de la souffrance reçue ou donnée. L’Église pourrait très bien se limiter à des « principes », pour éviter toute directive sur le plan social ou familial, et politique ou économique. La position de l’Église doit respecter l'autonomie de l'adulte, s'interdire toute prétention d'infaillibilité et ne souhaiter que la réflexion et la conversion … Que le passé, nous serve de de leçon ! Combien de résistances ne procèdent pas à un attachement à l’Évangile, mais à une culture ou un ordre social périmé... !

Sources : H.BOUILLARD, Comprendre ce que l’on croit, Paris, Aubier-Montaigne, 1971

4 commentaires :

  1. Merci pour ces questionnements très justes et fort pertinents !

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  2. Le questionnement est saisissant. Intéressant pour qui chemine dans sa quête de sens du monde. merci de votre partage.

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  3. Effectivement, je pense que c'est à chacun de se construire un sens... Puisse t-il correspondre à celui du monde...!

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